Si nous bouchions nos oreilles avec des serpents,
Que ne pourrait aller l'abeille sur ton front blanc !
Car à peine l'ombre de l'ombre du venin
Pose sa marque sur le coeur
Que
Le coeur bâtit d'immenses murailles de peur
Et les serpents dorment dans nos yeux.
Toute la vie : papillons blafards, libellules
Petite souris, étoiles, étoiles et baisers
A leurs mâchoires dansent; mais ci-tombent leurs ovules
Je vous pense trop fermer, assez vos oreilles assez.
Mettons un peu de lèvres sur le torse nu
Que des chats bleus au timbre de verre nous lèchent
Otez ôtez ces vipères, et ôtez leur la vue !
Fendez, Fendez une fois le mur dans sa brèche.
Parlez-moi plein d'insectes et d'astres dans la bouche
Que vos yeux brillent, qu'ils éclosent comme rose
Puis laissez-moi ramper vers vos oreilles closes
Un coeur ne vit que de cette ombre qui la touche.
Je ferais de ma bouche le coeur d'une rose
Et de vous son parfum, ce parfum de la rose
A nos haleines coupées brûlera le temps
Celui-là même qui grandit tous les serpents !
Entendez-vous ? Cette abeille sur vous se pose
Pour enfin vous baiser, vous manger ce front blanc
Comme d'un beau soleil les ombres s'en déposent
Puis tout ce qui vous compose, ciel couvre sang.
L'on mangera nos doigts, nous briserons des mots
Vous irez fort, plus fort et je viendrais à gémir
A mon sein, mon coeur n'en pourra plus de frémir
Et soudain se muera en cent deux mille échos.
Ne bouchez plus vos oreilles avec des serpents
Et je vous verrai comme rose pour l'abeille
Telle une chose qui s'essaye
Et que l'on voudrait tout le temps.