Un monsieur au crâne chauve se meut dans la rue déserte comme un insecte que l'on viendrait d'intoxiquer. Il fait du bizz bizz aux lampadaires, son nez biseauté flaire l'air, et ça zig zag de droite à gauche, en raclant la chaussée. Ses chaussures en vache ont un brillant bien visqueux, tout comme sa veste lie-de-vin, sa chemise bleue-turquin donnent à son gros ventre l'apparence d'un fruit creux. Il bêle et racole les fantômes, titube en sifflant un peu, toujours portant à ses lèvres une bouteille verte, un mouchoir noir qui essuie sa sueur et ses yeux. Il renifle fort, ses doigts sont trop et gras, ses cheveux en fils de pêche emmêlés tombent comme une pluie de comètes sur un monde dévasté. Un bourgeois marche et l'ignore, en s'écartant d'un seul pas. "Monsieur, vous n'auriez pas ...?". Une ombre était passée.
Assis à présent, en bordure de trottoir, on pourrait croire qu'il s'endort mais ses mains s'emberlificotent encore dans sa longue barbe de vieux fou. Se cherche-t-il les poux ou bien a-t-il un peu froid? Voyez comme le vin tâche son nez et lui fait les larmes rouges, comme l'alcool est sale, la tristesse une liqueur, et cet homme un preux naufragé ! Observez ce monde tempétueux qui coule, et ces hommes à la rive qui jettent en dérive, autres et ordures, dans de mêmes flots pollués.
Assis à présent, en bordure de trottoir, on pourrait croire qu'il s'endort mais ses mains s'emberlificotent encore dans sa longue barbe de vieux fou. Se cherche-t-il les poux ou bien a-t-il un peu froid? Voyez comme le vin tâche son nez et lui fait les larmes rouges, comme l'alcool est sale, la tristesse une liqueur, et cet homme un preux naufragé ! Observez ce monde tempétueux qui coule, et ces hommes à la rive qui jettent en dérive, autres et ordures, dans de mêmes flots pollués.
