
Au lycée, ce qui me rendait le plus mal à l'aise, c'était le regard d'autrui. J'avais beau porter mes colliers à pique, mes grandes jupes de roumaine, et lire du Nietzsche en gueulant "bande de pouilleux", les dires d'un tel ou les pensées d'un autre à mon sujet me plaçaient toujours sur la sellette. S'ils étaient négatifs, cela me faisait un petit pincement au coeur, et cligner des yeux, s'ils étaient positifs, même en m'en défendant, cela me faisait la gorge chaude. Au fond, pourquoi? Qu'en avais-je à faire ? La vie est courte, et sans se poser de problèmes philosophiques on sait bien que si la société nous offre des chemins tracés, tout autre démarche peut s'avérer meilleure. Ce n'est pas parce qu'un tel pense ceci que c'est un mal de penser cela, surtout quand, touchant un peu au creux du problème on se rend compte que tout ceci est hyper complexe et que chacun malgré son ardeur, fait simplement de son mieux.
Le lycée c'est loin, mais sans noter quelques contrastes, limites et recul, quelque chose en moi n'a pas changé, notamment au sujet de mon rapport à la séduction, au sexe, donc à mon Sexe. Qu'est ce que c'est que cette foutue féminité, et en quoi suis-je une femme?
Ce que nous demande et nous offre la société apparaît aujourd'hui de plus en plus comme un contrat à remplir et à signer sans lecture et observation des petits caractères collés en bas de page auprès d'astérisques. On se retrouve comme ce condamné dans les couloirs de la mort, qui hélas, n'aura pas eu assez d'argent pour se payer le bon avocat. De plus en plus, les conseils qu'avant une certaine masse média nous proposait de suivre sont devenus des ordres, avec tout ce qu'un refus peut générer d'humiliation et de punition. Cette vie de la demande et de l'offre, colportée par les rumeurs des écrans, les pages de magasines et nos esprits formatés à lire et à voir, apporte t elle vraiment quelque chose de sain et d'heureux?
On voudrait pouvoir grandir sans la tutelle du regard d'autrui, en avoir rien à foutre de ne pas être l'objet conforme que la société désire, cependant tous les fantasmes qu'elle projette sur nous deviennent des spams dans l'esprit qui petit à petit viennent parfois un peu éroder notre confiance en soi, pire notre conception de nous même.
Le lycée c'est loin, mais sans noter quelques contrastes, limites et recul, quelque chose en moi n'a pas changé, notamment au sujet de mon rapport à la séduction, au sexe, donc à mon Sexe. Qu'est ce que c'est que cette foutue féminité, et en quoi suis-je une femme?
Ce que nous demande et nous offre la société apparaît aujourd'hui de plus en plus comme un contrat à remplir et à signer sans lecture et observation des petits caractères collés en bas de page auprès d'astérisques. On se retrouve comme ce condamné dans les couloirs de la mort, qui hélas, n'aura pas eu assez d'argent pour se payer le bon avocat. De plus en plus, les conseils qu'avant une certaine masse média nous proposait de suivre sont devenus des ordres, avec tout ce qu'un refus peut générer d'humiliation et de punition. Cette vie de la demande et de l'offre, colportée par les rumeurs des écrans, les pages de magasines et nos esprits formatés à lire et à voir, apporte t elle vraiment quelque chose de sain et d'heureux?
On voudrait pouvoir grandir sans la tutelle du regard d'autrui, en avoir rien à foutre de ne pas être l'objet conforme que la société désire, cependant tous les fantasmes qu'elle projette sur nous deviennent des spams dans l'esprit qui petit à petit viennent parfois un peu éroder notre confiance en soi, pire notre conception de nous même.

Du corps, et du Swag :
Même passée la vingtaine, tu trouveras toujours une bande de zigotos dans la rue pour te hurler "retourne chez toi gitane", "t'es moche va", "salope" sans qu'aucune de tes actions n'aient pu les offenser. La seule raison de cette agressivité subie est ton manque de conformité physique ou vestimentaire à certains codes qui n'apparaissent pourtant pas a priori vitaux à une vie heureuse et/ou saine. De la même façon, si un jour tu vas dans un restaurant pour manger avec tes mains, une série de hoquets indignés et de rires en sourdine balayeront la salle. De même, si aujourd'hui tu ne veux pas répondre à certaines questions intimes, ou vivre en "fille moderne", n'acceptant pas la sodomie ou des seins en plastique, un certain regard méprisant, ébahi, ou encore supérieur se posera sur toi. J'en passe, mais il y a tellement d'exemples ! (je prends les plus évidents car ce sont les plus parlants et les plus féminins sachant qu'ici, si un jour j'ai des lecteurs, ce seront plutôt des lectrices )
N'avez vous pas eu les filles par exemple, un mec ou une copine qui, voyant votre petit surpoids guère mauvais pour la santé et plutôt normal pour une femme de vingt ans, vous déclare avec une certaine condescendance : "Non mais t'es bien comme ça, tu sais les canons de beauté aujourd'hui c'est surfait ! -ce qu'ils ne disent pas :- même si je fais un régime depuis des années pour rentrer dans mon pantalon taille 36 /ou/ que j'aime les pornos avec des meufs foutues selon ce modèle. " Et tu as beau redresser la tête, te regarder dans le miroir en sortant de ces codes pour te juger au delà de tout prisme, tu finis par ne voir chez toi que ce que la société aurait aimé te découper; ces jambes qui me servent à marcher et voir le monde en riant deviennent d'affreux poteaux plein de cellulites ainsi que le dirait une putain de chroniqueuse chez Closer en se moquant de Britney, tes cheveux dont on devrait se foutre quand bien même de mini dreads y apparaissent deviennent "filasses", "dégoûtants", "tue l'amour". -"Tue l'amour". Quelle drôle d'expression si régulière dans les lignes de ces chères chroniqueuses ! "Tue l'Amour." Se rendent elles compte que ce beau mot, "amour", qui a donné de si jolis vers à Ronsard, et de si incroyables élans aux Hommes est devenu dans leurs bouches qu'une vulgaire récompense qu'on donne aux femmes qui savent se faire baiser? Et ce verbe, si atroce, si violent de tuer ! Comme si, quelques poils au dessus de la lèvre, un front qui brille, ou une permanente ratée allait, par quelque influence magique, anéantir un rapport d'humain à humain. Non mais, réalisez vous? Quand on rencontre un homme dans sa vie et pour sa vie, n'est ce que pour la vanité qu'il nous regarde comme cette dernière lampe ikéa que nous achetons pour la commodité de notre salon ?
Tu as beau tenter en tant que femme, de dépasser ce statut de "poupée" en tâchant de t'affirmer comme un individu avant tout, écrabouillant du talon de tes docks ces schémas réellement inutiles et tout juste bons à te rendre malheureuse, le regard d'autrui pèse sur toi, au détour d'une rue, sur un coin de matelas pendant que ton amant caresse ton corps, ou même chez le médecin, tournant les pages d'un magasine de mode. Pourquoi n'ais je pas un si bon coiffeur? Pourquoi mes jambes ne mesurent elles pas 1m60 ? Pourquoi mon rimmel coule t il si facilement alors que chez d'autres on dirait que c'est un tatouage à vie? Pourquoi ais-je plus faim que les autres, et pourquoi mes hanches font elles du 95 cm alors que les "proportions parfaites" édictées par le magasine ELLE me demandent d'en faire 90?
Oui je parle de choses que peut être toutes les filles ont connues ou expérimentées. Il s'agit de ce rapport à la féminité. Je crois que c'est le sujet le plus facile à aborder en ce qui concerne ce thème, parce qu'à la fois il permet d'entrer dans des exemples très démonstratifs tout en dévoilant d'autres aspects de cette tyrannie sur notre vie. Ce que j'essaye de dire, probablement très mal, c'est : Mesdemoiselles, mesdames, vous rendez vous compte ce qu'on est devenues?

Y a pas un siècle de ça, des femmes courageuses allaient dans la rue bravant les autorités, crachant sur leur situation et réputation quitte à vivre dans la misère et l'humiliation simplement pour que nous puissions déchirer ces foutus corsets, qui littéralement nous broyaient les poumons et métaphoriquement l'esprit. Elles ont lutté pour que nous puissions porter des pantalons, fumer la pipe, aller dans des bars sans chaperon, parler à un homme sans être dite "fille de joie", commettre l'adultère sans être foutue en couvent, avoir des enfants quand nous le désirions, choisir nos époux, vivre seules, et penser, surtout, penser librement, sans recevoir un coup de bâton qu'une ancienne société aurait déclaré légitime. Et pourtant, qui sommes nous aujourd'hui? Je ne vois pas autour de moi une seule femme qui ose s'habiller comme elle le veut vraiment, c'est à dire sans prendre en considérations les goûts masculins, à cause d'une peur de rejet et d'humiliation. A la place du corset, nous avons ces Karl Lagarfeld et sa bande de pro ana qui resserrent de plus en plus leurs mains griffues autour de nos côtes ! Je ne vois pas une seule femme qui ne traite pas sa voisine de pute quand elle fricote avec l'autre voisin. Je ne vois pas une seule femme qui pense plus que son homme, rythmant toujours ses propos de minauderies coulantes et battements de cils, pour faire passer son droit à l'expression. Et, si cela arrive, si une femme existe pour elle seule, de quoi la taxe t on? D'être une "goudou", une "lesbienne", "une frustrée", "une envieuse", "une jalouse", parce que tu comprends, une nana qui ne se conformerait pas à tous ces codes patriarcaux n'est en fait qu'une pauvre fille incapable de s'adapter ou qui n'a pas de potentiel, ou alors c'est qu'au fond c'est qu'elle est "contre nature". (Je ne dis pas que les lesbiennes sont contre nature attention, je dis juste, et les manifestations contre le mariage homosexuel en témoignent, que la France d'aujourd'hui ne tolère aucune forme de "marginalité", et qu'au travers de ces appellations ils pointent juste du doigt une méprisable différence.)
Dans le même ordre d'idées, être une "jolie" femme dans cette société est un passe droit pour tout. On accepte ton CV sans poser de questions, on te paye le café, tu peux dire des conneries autant que tu veux car tu resteras "gentille" aux yeux de la gente masculine, on t'adresse à cet effet des cajoleries et dans la queue des boites de nuits, t'es celle qu'on pousse de l'épaule avant d'avoir un regard surpris, d'excuse puis un début de conversation. Etre une jolie femme dans cette société, où être une femme jolie selon les critères de cette même société, c'est donc recevoir tout à coup une assurance immense et complètement factice. T'es un peu comme ce gagnant du loto, qui sur un coup de hasard de la génétique, devient le Roi du Monde, et t'es un peu comme cet esclave qui étant obligeant mérite d'être "affranchi".
Ainsi, on se fait mouler à la sauce d'une pseudo élite dont les seules ambitions sont de vendre des vêtements, des produits de maquillage, et de nous vendre comme des petites publicités sur pattes. Donc oui bien sûr, les industries du cosmétique sont en première ligne avec l'industrie du porno. Je découvre ce milieu par ailleurs depuis peu de temps, et j'ai observé un fait intéressant. De plus en plus, les vidéos à succès dans ce milieu ne sont plus celles axées sur des stars comme Clara Morgan ou Hannah Hunter mais sur l'amateurisme, en témoignent de nombreux sites de rencontre pour plans culs "trouve une chaudasse près de chez toi", "mate ta voisine", " j'ai vu ta mère sur chatroulette". Après le coup de pub de notre président "normal", c'est autour de nos rapports sexuels d'être dits normaux quand il s'agit de pratiques autrefois qualifiées d'osées. Alors, ce que j'en pense, c'est qu'il n'y a rien de normal chez un président qui peut à tout moment déclencher une guerre nucléaire, comme pour un rapport sexuel d'être une femme soumise qui accepte toutes les moeurs pour complaire à son personnage.
Je suis sûre que dans vos petites têtes vous vous dîtes: mais c'est quoi cette meuf mal baisée? Je parie qu'elle est vierge ! -si c'est le cas, vous n'avez rien compris-.
Ce que je juge mal, ce n'est pas une question de pratique, mais une question de rapport à l'autre. Même si j'offre une petite parenthèse, dans toutes ces errances, en vous demandant lectrices, le plus sincèrement possible, si ce mythe de la sodomie source de jouissance existe véritablement. Personnellement, ça fait juste mal avec quelques moments de répits, et n'a d'intérêt qu'a améliorer mon jeu de simulation. Bref, je n'ai pas envie de faire croire ici que mes seuls intérêts dans la vie sont mon rapport à l'image et au sexe, mais faut arrêter de se leurrer, ça fait partie de la vie quotidienne même si hélas aujourd'hui, toutes ces questions qui devraient être un tremplin pour réfléchir aux jolies choses est devenu bien amer. On a l'impression que le sexe est devenu une épreuve des jeux olympiques, et la femme son terrain, qui doit comme le stade être bien entretenu et se conformer à toutes les exigences. Mais il est où le plaisir là? Ils sont où les rires, la complicité, l'être humain?
Cependant, malgré tous mes dires, je me pose quand même, à cause de cette déferlante de préjugés et d'idées médiatiques si ce que je pense à un temps soit peu de valeur, et si je ne vis pas dans l'erreur, rejetant ce qui me semble affreux parce que je ne serais en effet qu'une "pauvre fille...blablabla".
Car, franchement, bien sûr que l'idée d'un régime me traverse la tête, bien sûr je culpabilise quand je dis non à la sodomie, bien sûr que j'ai quelques sentiments d'infériorité quand je vois les autres filles bien fringuées, et bien sûr, quand je prends la parole, je me sens tellement moins séduisante qu'une paire de gros yeux suintant le sexe. A être soi, avec ses imperfections, ses coups de gueule, ses blagues, ses goûts, on tient bien vite le rôle de la bonne copine qu'on ne craint pas ou pire de l'épouse qu'on aime pour ce qu'elle est tout en lorgnant des yeux les icônes de ses prochaines masturbations. Alors bien sûr, dans des élans de remise en question, on va sur ebay s'acheter une tenue de lapine sexy, on se met à pratiquer la danse, à poser l'écran de son ordinateur sur le lavabo et face à son miroir à imiter les mimiques des actrices pornographiques. (Non mais sérieux, comment font elles pour faire croire devant une caméra que ce vieux mec tout ridé est leur plus grand fantasme et qu'elles ressentent du plaisir quand celui ci se met à leur "spermer" dessus, sur le visage en plus ? Pardon de ma vulgarité mais un chat est un chat, je suis sûre que vous connaissez de pire mots que moi ! ) Moi, je n'y arrive pas. Je conçois le jeu, la complicité bien que tout ceci doive être naturel et vrai, donc forcément ponctué de maladresses mais à la moindre maladresse, le terme "tue l'amour" me revient en mémoire, affiché dans son gros caractère noir, et d'un coup, je me sens laide, je me sens conne, inapte, et moins désirable qu'une poupée de chiffon qui ne dit jamais non.
Suis-je la seule en ce cas? Si non, pourquoi laissons-nous les médias nous traiter comme ça? Pourquoi laissons-nous aux hommes ce droit aux petits mots culpabilisants? Pourquoi permettons nous aux gays genre Lagarfeld de choisir les canons esthétiques féminins sachant que son goût pour les hommes le pousse à nous aimer androgynes? Pourquoi ne créons nous pas nos propres films pornographiques histoire d'enseigner un peu à tous ces puceaux en rut ce qu'est la véritable jouissance et le cran d'une femme qui, sans avoir un sting en latex et des oreilles de chat sur le crâne, sait se montrer incroyablement sûre d'elle et sexy? Pourquoi, sans entrer dans ce putain de débat débile sur la beauté des rondes, ne proposons nous pas simplement de belles femmes différentes sans qu'il soit une question de taille ou de conformité? Par là je veux dire, esthétiquement c'est vrai que la cellulite c'est moche, mais n'en faisons pas tout un plat, à regarder Betty Page par exemple dont les hanches faisaient le tour de la terre, on voit bien qu'elle est bandante ! Les filles sérieux, si comme moi quelque chagrin, peine vous ait arrivé à cause de cette société, a provoqué chez vous un manque de confiance en soi, aidez moi et agissez ! Arrêtez d'être des copies soumises, ce que vous détestez être, de vous prendre la tête pour des questions à la con ! Stoppez tout net ces régimes inventés par de gros dégueulasses qui passent leurs étés à Cannes en compagnie de gogo danseuse; ce port de mini jupes, et de talons si vous ne les aimez pas, et qui vous rendent de simples objets de consommation ! Luttons les filles parce qu'ici, ce n'est pas devenir anticonformiste que je vous invite à faire, mais à reconsidérer le conforme pour ne plus le subir.

alcibiade, Posté le dimanche 06 avril 2014 06:35
Bonjour, comme Antoine, j'ai bien aimé ton article. Je suis d'accord, il ne faut pas trop faire attention aux modes et surtout se méfier des médias qui bien souvent raconte n'importe quoi pour vendre. Mais il faut voir aussi que homme ou femme, nous vivons en société, et l'on peut dire aussi que notre bonheur dans la vie c'est avec les autres. Je pense qu'il y a peu de personnes qui sont heureuses dans la solitude. Le débat, la discussion c'est aussi du plaisir et ça doit être bien agréable de parler avec toi.