Je ne peux donc écrire ce soir, si ce n'est pour lui, et seulement pour lui. Or, j'écris pour le fuir. Mon amour... Dénonce-moi ce doigt qui tendrement se posa sur ma bouche pour y taire toute angoisse, jure coupable la main qui entreprit la mienne. Je cache mon visage, je replie les jambes contre mon ventre, je tremble, ne vois-tu pas combien je te crains? Je ne suis plus capable d'élans qui ne te sont pas voués, la moindre de tes absences me plonge dans l'aboulie, le temps se dévore sans le moindre appétit et tout se compresse au sein d'un monde minuscule. Quand tu n'es pas là, il me semble avoir perdu la moitié de mes atomes, l'ensemble de mes désirs, et d'être un édifice en point de s'écrouler. Et ce soir plus qu'un autre, ton prénom est sur toutes mes lettres. Je me sens partisane, loin de son icône, prête à s'immoler, pour ne plus brandir l'oriflamme d'un c½ur déserté. Au bord des yeux, tu coules et chutes ! Ah ! Mon amour... Laisse-moi, te dire avec mépris et désespoir combien tu me manques. Laisse-moi me pleurer, pour que je te croie encore plus fort. Il se passe tant d'horribles et sublimes choses, aux creux des c½urs idolâtres. Comme le Bolchevik devant Lénine, l'amant avant la sentence ou la s½ur dans sa chapelle, j'aspire à toi, aux flammes du Purgatoire.
