Il portait un chapeau melon, des bottes de cuir et faisait des claquettes dans le métro. C'était un homme grand qui dominait généralement tout le monde, et dont le crâne frôlait souvent les plafonds. Y avait une lune peinte sur son visage, celle d'un sourire d'affiche, qu'il tendait à ce trou paumé de Paris, où les murs résonnaient aux grondements des wagons et ceux du creux de son estomac. Il avait le teint maquillé par les ombres des passants, celles des gros notaires, des longues femmes noires, ou celle de cette fille calme, détachée qui ne lui a pas adressé le moindre regard, presque d'ailleurs comme tous les autres. Pourtant, on ne pouvait que le voir, et que l'entendre, il était le seul dans la foule à bouger et vivre différemment. Oui, j'ai une profonde d'admiration pour ceux qui ont choisi ce type d'existence d'artiste indépendant, ou ceux qui ont trouvé dans l'art, un désir de trimer, l'espoir et un regain de fierté. Il faut beaucoup d'humilité, de patience et de travail, pour essayer de vivre de sa créativité, supporter les périodes de vide, l'indifférence, les fins de mois très difficiles, ou même simplement ne pas avoir à croûter. C'est pourquoi, quand je vois tous ces personnes qui ignorent consciemment et ostensiblement ces gens de la rue, j'ai une sorte de mépris pour eux, car ils agissent pour moi dans le cadre d'une politique actuelle de déshumanisation des rapports humains, et des valeurs morales. Et pour moi, dès le moment où on se met à devenir indifférent à la misère, on finit par l'oublier, et ne plus être apte à la moindre compassion, remise en question. Le monde n'est pas rose, mais se cacher dans une bulle pour ne pas le connaître, par peur de sombrer c'est se refuser d'avoir en tête le prix des choses, de trouver l'essentiel. Je comprends que les gens soient assommés par la peur, du fait de l'accroissement des agressions, des vols, de l'insécurité ambiante, mais une réalité globale, fondée sur le spectaculaire et des chiffres polémiques, ne pourra jamais remplacer sa propre expérience. Je crois que la misère aujourd'hui nous est présentée comme une sorte de damnation. Ce n'est même pas qu'on ne peut plus la regarder en face parce que l'ignorance fait intrinsèquement peur à l'humain, c'est qu'il est interdit de le faire parce que la société condamne toujours un peu plus, ceux qui ne savent pas s'y adapter. On cible, on taxe, on méprise, on catégorise, on hiérarchise. La misère fait peur, elle pourrait nous contaminer, nous agresser, nous arriver, et en plus, par un système hiérarchisant les différentes couches sociales, les ethnies, les groupes, nous en venons à considérer les pauvres ou les trop marginaux comme des intouchables.

On fait croire aux gens que l'orgueil, l'égo est au centre de tout, que le briser, le fissurer d'à peine quelques centimètres est un drame, une horreur, une chute libre. Alors les gens se confortent dans leurs illusions, placent trop d'estime sur eux même, et par là même, la plus petite douleur devient il est vrai atroce. Les gamines veulent se suicider parce qu'on les trouve trop grosses, ou d'autres se désespèrent quand un misérable inconnu les trouvent nulles. Je comprends les adolescents qui pleurent en écoutant du Noir Désir, parce que leur émoi dû à leur recherche identitaire rend leur égo surpuissant, et le moindre mot, vaporeux et virtuel devient douloureux. Cependant, il faut à un moment ou à un autre, quitter l'adolescence, grandir, mûrir, et au lieu de se croire le centre du monde, partir découvrir le vrai pour ce qu'il est vraiment. Ouvrir les yeux. En se barricadant dans leur propre moi, les gens ne semblent plus avoir le temps de sortir de leur forteresse. Alors, petit conseil, même si je ne suis pas Lao Tseu, prenez le temps de regarder vraiment tout ce qui s'offre à vos yeux, laissez de côté l'indigence de votre vase clôt, et remplissez le des beautés du monde, du sommet de l'Evrest, à cinq minutes dans le métro pour écouter un artiste ;

melindalemaitre, Posté le lundi 01 octobre 2012 02:13
AzzarofromParis a écrit : "
"Je ne pense pas être généreuse...ni particulièrement d'avoir du recul. Je ne comprend rien aux mécanismes qui me régissent moi, l'Homme ou la Société. Je ne saisis que des parcelles, et à tout dire, peut être resterais-je toute ma vie avec cette vue imparfaite car selon moi je ne suis pas "voyante", "visionnaire", singulièrement intelligente tout simplement. Malgré la réalité donc où il s'avère que je suis plutôt renfermée, aux bornes de l'Egoisme (voire j'y fous les deux pieds), j'essaye d'être autre chose par l'écriture, la poésie et plus largement les livres. Je ne sais pas si tu lis Games Of thrones ou regarde la série mais à un moment y a un nain Tyrion Lannister qui dit en gros que l'esprit est comme une épée et que pour acquérir un art, ne pas être tout à fait inutile il faut s'y contraindre; Or le livre et l'écriture sont à l'esprit ce que sont les batailles et l'entrainement sont aux armes. Je suis toujours partie dans cette logique, bien que lire amène parfois trop de fantaisie, d'idéalisme, d'idées reçues liées normalement à la trme romanesque mais que tu appliques dans la vraie vie croyant trouver là des schémas réels.
Moi aussi ce monde, dans ce flou imperceptible, me semble terriblement angoissant et misérable. Je ne sais pas ce que je fous là, tout me semble tracé et moi, impuissante et là où je te rejoins c'est qu'à mon sens une vie doit servir à quelque chose, doit se creer un rôle pour changer ne serait qu'une petite chose dans ce lot d'incohérences ou injustices. Je ne sais pas s'il s'agit de rédemption, peut être attendons nous trop du ciel, mais du moins il m'apparait qu'essayer de faire bien ou beau, seulement essayer, c'est sans doutes la seule aspiration qui ait de la valeur.
Paradoxalement, j'ai accepté il y a longtemps de ne pas être tout à fait intègre à ces principes puisque souvent je me constate les plus gros défauts du monde et que dans un instant de dénie je me préfère m'y répandre plutôt que de les contrôler ou anéantir. Ma vanité, mes goûts pour la verroterie, mon entêtement, mes envies de ne jamais vouloir être trop obligée de faire quelque chose, bref tout ça, je me demande si parfois ne sont pas la vérité de moi même et que toute cette "pseudo rédemption" ne me sert pas simplement à ne pas me détester, à garder bonne conscience pour mieux garder mes défauts.
Je sais aussi que ces questions sur moi même ont traversées les consciences et que depuis l'aube du monde on se demande: aime t on la vertu ou redoute t on le mal? Est-on vraiment bon ou agissons nous en bien seulement dans des instincts vaniteux? C'est jamais trop clair ce que m'apporte l'expérience et la réflexion, pourtnt je me dis que si je me laisse aller au pessimisme, que je commence à laisser de côté ce placide optimisme pour une prosaique constatation de moi même,"être philosophe" je n'aurais plus aucune force pour continuer. J'ai besoin d'évoluer dans cette virtualité comme "toi" avec le mysticisme je présume.
Mettre sur un piédestal toutes les belles choses va t on dire, m'aide à vouloir y trôner, y séjourner et tout ça finalement je me dis que c'est un choix qui n'es tpas plus con qu'un autre.
Ensuite je me dis que cette matière là, cette façon de vivre peut avoir un impact sur ces "pauvres gens" et contre ces futilités, dans le sens où en écrivant on peut gagner des sous et le partager, on peut évoluer dans des sphères, des métiers qui permettent de se déplacer et d'agir. Faut pas se dire que c'est le mauvais chemin, c'est notre personnalité qui nous y pousse et faut bien se dire modestement qu'on fait ce qu'on peut sans pour autant ne pas attendre beaucoup de soi même sinon on stagne. Voila après j'en sais rien....c'est peut être pas top intelligent ce que je raconte mais c'est dit sincèrement. Tu veux toujours écrire des poèmes?