
.....souviens-toi que la poésie est une errance, toujours plus longue, parfois lointaine
qui ne laisse à l'homme que sa canne et ses pieds pour soutenir son haleine
ou un zoo où les pierres pleurent, les singes hurlent en rognant des conques
pendant qu'aux allées, les passants parfois par dizaine ou quelconques
s'exclament : quelle drôle d'Histoire !
... ... .. ...
Nous allâmes , Begum Et Toi, Cent Mille Ans Vers l'Incönnu
Pour Arriver Au Pàlais Du Sultan Bâlal Assim Waldaba Le Sécond
Où Gisàient Zinzolines Les Dèrnières Ruines Des Temples Brétons
Et le Corps D'Achille Complètement Nu
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De Fécondes Fontaines jaillissaient de toutes parts, pleines de sang,
Et le sang buvait le soleil, veines de lumières, sèmes de diamants.
De beaux abricotiers penchés à l'est cafraient la poussière
Aux abomas des Douves, les homards étaient tous gris
A l'ouest, une hamada de salicornes sous un Schamaïm clair
Parfumait la Terre d'un chant de Houri.
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Sur les gigantesques remparts, tatas de nards, où la glycine est gangrène,
Qui mange des pierres et mange des tôles,
Des lierres, des orties, de hautes pierres qu'ondule l'onde du larsen
Et l'ombre des chats, des gros chats qui miaulent.
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La porte était massive métallique, plus imposante qu'à Jéricho
Sous nos pas, les édifices hurlaient mille échos.
Des bourrasques de vents emportaient nos cheveux,
Sur nos visages blêmes ils perçaient nos yeux.
Topaze était la barbacane, camphre la voûte ;
Cent caravanes de la Kedem y passaient au mois d'Aout.
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C'était un Palais Magnifique, mon ange, pailleté comme une diaspora.
Sur notre route s'étaient dressés de grands arbres secs
Des fruitiers de Provence, des cèdres de Baalbeck
Leurs troncs d'asphalte emportaient nos ombres,
Tandis que le couchant tombait sous la pénombre.
Au loin, dansent cinq lunes dans l'espace,
L'horizon était d'eau, de ruisseaux, d'océans, sur leurs surfaces,
S'étaient gouachée la sinistre pâleur de ces astres,
Comme un suave linceul blanc.
Le monde parut gargantuesque à cette brume d'or,
Comme le génie se terre quand la paume dort
Comme les paillettes que la pluie aurait dissoutes.
Par centaines, les pavots drapèrent les bordures de notre route,
Et lorsque nous courrions, parfois, nos regards exaltés
Prenaient toutes ces fleurs pour des veines prêtes à éclater.
Les yeux portés vers les hauteurs nous laissaient contempler
Les nuées d'oies sauvages pénétrer les nuages,
Et se laisser dévorer,
Ainsi, sont les éclairs qui s'accouplent aux orages.
Au creux de cette vie, cet incessant et merveilleux voyage, nos yeux exultés
Comme deux poignées d'arc en ciel greffées au visage de la peur
Se tournèrent vers l'espace où vaquent les clameurs
A la recherche d'une Muse qui dans les limbes serait couchée.
Celui qui, ce soir, chaque soir, comme une armure
Se pose sur mon âme, juste avant de dormir.
Extase.
A l'est, on dit qu'il soigne le malheur comme un frisson d'eau
Que tu jongles avec les lucioles, piétinant l'herbe folle de grands et beaux sauts;
Tu transes comme une onde, balbutiant des odes à tes dieux,
Brille dans ton oeil la lueur des cieux bleus
Aussi que tu vibres sous un hallelujah de comètes, d'os et de peinture,
Tes yeux griffent l'Arbre de confettis en fruits ou de verdure
Bellement tu gargarises la musique dans ta gueule ,
Vers un ciel d'hémoglobine, où le soliste combat l' cri d'Mr Bungle.
Tu te sens comme gitane, voluptueuse et grâce, tes pieds sont dans la boue,
Par derrière de ta rue, les sémaphores de voiture viennent t'habiller
D'or et de photons crépitants. Tu sèmes ton rire comme la dame son gibier
T'as les Balkans dans tes jambes à te faire volter comme un loup.
La lavande de tes veines sèche au feu des jades brillants.
T'as les tutus les banbans, chuku, chuchu pan-pan
Plein d'astres qui chantent au coeur des tes paumes.
Aux noeuds de tes cheveux poussent des anémones.
Muse , qu'as-tu à nous dire?
Un Vase.
Un vase plein d'eau quand on a soif.
Adieu ma Muse, les pas nous ont mené,
Adieu ma Muse, marchent tes enfants.
Le jour tombe à peine, viendras-tu nous bercer?..
Auguste est ma peine sous ces voiles sanglants.
Je remarquai que nous n'avions plus de chaussures, plus de vêtements, plus de Raison, plus d'argent, plus de pendule, plus de ressources, plus d'organes, plus de corps, plus de besoins, plus de désirs, plus d'envies, plus d'espoirs, plus de nostalgie, plus de légitimité, plus de droits, plus de devoirs, Nus, plus de souvenirs, plus de vie, plus d'objets, plus de capitalisme, plus d'idéologie, plus de religion, plus de dictature, plus d'usure, ...nous étions nus, plus de travail, plus de musique, plus de beauté, plus d'humanité, plus de ranc½urs, plus de voisins, plus d'imagination, plus de soleil, plus de passion, plus d'aurores, plus de sommeil...et nos pieds, nos pieds!!
Sales, nos pieds de vagabonds, foulaient enfin pourtant le sol béni,
Le royaume tant espéré,
Que Dieu avait promis
.....
Ici.
Nous parlons au c½ur d'un désert de tempêtes, où le vent emporte le Satan et son fiel
Fait chuter les oiseaux et les étoiles du ciel,
Fait tournoyer les voiles des bateaux les plus solides
Des remparts, contemplons les plaines, la mer et le grand Vide.
D'abord ce vacarme étrange où les tornades de sable remplissent nos bouches de silence,
Vainement mes doigts arrachent mes cheveux pour que mes yeux puissent encore Te voir
Puis ça surgit comme un bouquet de signifiance,
Éclot en plein milieu du soir.
D'être ainsi une Mère qu'on dévore, insatiables et sauvages,
En son sein humide, où resplendit l'oiseau dans les ténébreux nuages,
Toujours sublime elle demeure en son corps décharné.
Elle ce vagissement du nourrisson venant de naître,
Et le râle douloureux d'un vieillard dans son lit,
La beauté des aurores, le baiser froid des hivers, les peaux que l'on mord,
Un bienfaisant silence transpercé d'effroyables cris.
Ma Muse, toi qui fit taire l'oiseau pour mon au revoir,
Jadis à la porte, de ce grand Palais,
Saurais-tu qu'en désespoir,
Ici, je t'écrirai ?
Comme de géants mots d'amour qui toquent dans la tombe.
Puis quand la glace vient couvrir nos corps immobiles,
C'est dans la chair, les vers, et le renouveau qu'instinctivement,
Tu te meus, comme un fleuve très tranquille
Qui traverse le néant.
L'Univers s'éveille et s'endort dans la paume de mes mains,
L'Univers m'attriste et m'égaye, et je vis dans ses reins.
Le cosmos est un ventre de femme où naissent les planètes,
Les étoiles, l'herbe, tous les hommes et les pas des danseuses
La lune est très pâle, et ses rides creuses.
Le Soleil est un visage d'or poignardé de comètes,
Il y a des milliards d'Oiseaux qui le traversent, des feux de Bengale
Sur les rives des rivières, poussent des bambous enflammés,
Des Crocus humides, des bourgeons blancs et cent mille pétales
Qui se meurent à l'hiver, sous des vents enneigés.
Les Dunes des Déserts s'embrassent sous des pluies de soleil
Tandis qu'ailleurs, le monde se noie sous des tonnes d'eaux
Les feuilles sont d'émeraudes, de givre ou de vermeille,
Les Lierres sauvages, en silence, étranglent les arbrisseaux.
Les Lionnes dorment à l'ombre d'un Baobab,
Des grenouilles croassent dans l'étang d'à côté,
Un Tigre se meurt à la frontière du Penjab,
Grouillent les mille insectes qui vont le manger.
Les Volcans sont rouges et les océans sont bleus,
La cime des arbres tranchent l'infini des cieux,
Les éclairs sont de cuivre, et les aurores de bronze,
S'enlacent à jamais, nos étoiles et nos yeux,
Tandis qu'ailleurs, dans des temples des bonzes
Répètent sans cesse les mêmes chants pieux.
La nuit est un labyrinthe et ses murs sont opaques
Ses angles se meuvent aux haleines des Parques.
Absurde est ma Muse, qui allaite victimes et bourreaux
D'un même cri au corps sortent à milliards les échos.
Ainsi, tous nos gestes, toutes nos paroles, tous nos cris se confondent
En un espace infini où germent inutilement les fleurs les plus belles,
Où toutes les choses même les plus infimes sont fécondes,
S'épanouissent ensemble, immuables, mortelles.
Puis je suis là, une terre en friche dans un bol bleu
Je hurle « ma Muse» du vide dans les yeux.
Lecteur apatride, en exil, sur l'heure, prend le regret pour habit
Avalons chaque table, chaque chaise, chaque nuit
Puisque c'est vainement que tout se dresse en rêverie.
Pour qu'entre chaque sanglot, et qu'entre chaque mouchoir
Qui s'envolent comme des colombes blanches dans la suie,
Il y ait juste une âme apportée sur le mandala de l'Histoire.
Autour de nous, les obus et les comètes explosent tour à tour,
Les vagues se déchainent, la terre se brise comme de l'argile
Ton c½ur en a fini de battre, ton regard est figé entre tes cils
Mais je te serre contre moi, mon tragique et mon unique amour,
Maintenant,
Tandis que les ombres et les spectres remplissent l'univers,
Que l'obscurité s'étend comme un bouquet de notes sur le sol,
Je reste à sourire, en embrassant furieusement tes lèvres molles,
A tes dents s'accouchent les prières.
Je parle, je parle mais....
...Mais peut-être sommes-nous en train de profaner quelque Palais divin ?
Lorsque nos yeux ici s'attardent au mieux d'accueillir dans le sein,
Cette Mère et ses frères qui bêle des fanges, des rues et des guerres
Nous avons remparts et murs ici, alors qu'elle dort la poussière.
Dona Dona, les veaux maigres sont à l'égout
A l'abattoir, finalement, on les a Tous menés,
Et dans les cloaques d'immobiles regards oppressés
Pendent vers le ciel au tronc de leurs flasques cous.
C'est un Sheikh qui tout en pleurant les enterre,
La lune est peinte sur son front,
Pendant qu'au Palais nous restons,
Et qu'il lave son frère.
Derrière ces murailles, Assim, tous les êtres chantent l'Humilité
Sommes-nous poètes ou lecteurs alors par manque d'Humanité ?
Toi qui es capable de sentir le soleil et le givre, le laid et le beau,
Tourbillon du monde qui souffre les plus faibles, ou les plus essoufflés
Dis-moi si de cet asile, à regarder de haut
Nous sommes preux humains ou lâches exilés ?
L'obus détruit le monde, l'écriture construit le ciel :
A la Violence qui saigne on engage : Et soi-même et le Beau,
A l'inaction, prête le travail, Au verbe, tremblent les échos
Grêles, balles et ferrailles ; ondes, bises et zonderziels.(1)
(1) sans âme, fantôme en néerlandais.
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Shana-Lyse, Posté le lundi 06 mai 2013 15:00
Probablement l'un des articles de ton blog que j'aime le plus... Un poème, plein de rimes intéressantes et de mots inconnus au goût acidulé qui m'émerveillent. Un poème décousu aussi, au milieu duquel on retrouve de la prose, et une vision étrange du monde, comme un monde un peu inversé ou superposé, je ne sais pas. Enfin, bref. Félicitations !